Alors que la filière automobile se transforme à grande vitesse, les acteurs traditionnels du financement doivent se mettre à la page pour répondre aux nouvelles exigences de la clientèle, qui réclame toujours plus de flexibilité. Un défi conséquent, qui ouvre toutefois la porte à de nouvelles opportunités pour ceux qui sont prêts à le relever.
Depuis le début de leur existence, les fabricants et financeurs automobiles ont fait face à trois évolutions majeures : la première date des années 1980 avec l’avènement du financement automobile qui s’est généralisé, poussant les principaux groupes automobiles à se transformer en entreprises financières ; la seconde date des années 2000 où ces mêmes entreprises financières automobiles ont évolué en opérateur de leasing ouvrant ainsi les offres de location automobile au grand public ; enfin la dernière, actuellement en cours, répond à une nouvelle vision de la mobilité comme un service à part entière, entremêlant parfois plusieurs moyens de transport, et contraint ces entreprises à devenir des fournisseurs de services.
En effet, le monde du financement automobile est en pleine mutation : le marché croît à grande vitesse et le comportement des consommateurs évolue autour de deux axes : la digitalisation et la personnalisation des services, tels qu’on les retrouve dans d’autres secteurs. On observe aussi un changement de paradigme de la mobilité : on ne consomme plus les voitures de la même manière et c’est désormais la location (avec ou sans option d’achat) qui porte le marché. L’abonnement automobile semble être la prochaine étape de cette transformation et pourrait représenter jusqu’à 20% du marché d’ici 2025 selon les estimations du cabinet McKinsey. Les acteurs traditionnels doivent donc modifier leurs modèles économiques pour tirer profit de cette nouvelle donne.
Un secteur où le digital est devenu incontournable
Dans cette ère digitale où l’expérience client est au cœur du succès, tous les secteurs se doivent d’offrir des services individualisés, rapides et faciles à utiliser – et le monde du financement auto ne déroge pas à la règle. Les utilisateurs valorisent plus que jamais le service autonome et les services en ligne, et la transition entre la visite physique chez le concessionnaire et la souscription d’options en ligne doit se dérouler sans accroc. Conséquence de ces transformations rapides, les nouveaux entrants sur le marché ont souvent une longueur d’avance et sont capables de répondre à ces attentes plus facilement. Or, les acteurs traditionnels se heurtent à un certain nombre de difficultés :
- Des systèmes informatiques obsolètes qui ne sont plus adaptés aux exigences actuelles et dont la refonte d’avère très coûteuse.
- Des capacités d’analyse de données insuffisantes pour répondre aux exigences du big data.
- Une innovation à la traîne, car le marché a longtemps été porté uniquement par la vente et la location de véhicules.
- Une lenteur à s’adapter à des régulations changeantes.
S’ils n’agissent pas, les profits des financeurs automobiles présents sur le marché risquent donc de diminuer.
La prochaine révolution automobile : de financeur à fournisseur de services
Pour optimiser leurs recettes, aller à la rencontre des clients et ne pas se laisser dépasser par les nouveaux acteurs du secteur, les financeurs automobiles doivent ainsi améliorer l’expérience client et le produit fini. Plusieurs pistes de réflexion existent déjà :
- Développer de nouveaux produits financiers innovants tels que les formules d’abonnement flexibles, des contrats courts, des options pay-as-you-go, etc.
- Grouper les services financiers dans des packs « tout compris » (l’entretien, l’assurance, la conciergerie, les accessoires de véhicules électriques, jusqu’à la Mobility-as-a-Service…).
En outre, il s’agit de proposer au client une variété de produits personnalisables : cette adaptabilité à la demande passe aussi par un lien direct entre les captives et le client. Historiquement, les recettes des captives étaient générées par les concessionnaires, mais l’ère digitale leur offre la possibilité de créer une relation avec les consommateurs via des ventes directes. Une proximité grandissante qui pourrait bientôt devenir un prérequis pour les captives.
Un changement de paradigme soutenu par des changements structurels
Les financeurs automobiles doivent choisir où ils veulent se positionner dans la chaîne de création de valeur et faire évoluer leur culture d’entreprise pour accorder plus de place à l’innovation, au client, à la gestion et l’analyse de données. Ils doivent pour cela s’assurer de la résilience de leurs systèmes informatiques et axer leur stratégie sur le digital et le big data. Enfin, ils ont tout intérêt à gérer au mieux les législations des différents pays dans leur conception de nouveaux produits, tout particulièrement pour les produits « groupés ». A titre d’exemple, le règlement général sur la protection des données (RGPD) européen limite l’accès à certaines informations tandis que les Etats-Unis rendent obligatoire le passage par le concessionnaire.
Autant de défis à relever et d’investissements à faire qui renforceront certainement leurs relations avec les clients et leur assureront une place de choix dans l’écosystème automobile.