Au Maroc, le premier trimestre de l’année 2020 a été marqué par l’ajout du modèle déclaratif lié à la finance participative auquel ont été soumises l’ensemble des banques. Au deuxième trimestre de la même année, d’autres changements liés aux opérations de transferts de fonds (internationaux et nationaux, émis et reçus) ont également vu le jour. De plus, la mise en place de nouvelles normes a eu pour conséquence une demande élevée de nouveaux reportings par les régulateurs, dont le nombre entre 2006 (premiers reportings FINREP et COREP) et 2016 avait déjà augmenté de 80%.
Alors que le Maroc doit faire face aux conséquences de la crise sanitaire, il s’agit désormais de concevoir un modèle de reportings plus performant, en adéquation avec la phase de transition économique actuellement observée dans le monde. Durant le confinement, les banques participatives du pays ont en effet subi de lourds dégâts avec pour finalité 10 milliard de dirhams (914 millions d’euros) d’encours, un palier symbolique qui se traduit par une progression limitée du financement participatif (6% en 2019 contre 3,8% entre janvier et avril 2020). La mission première des régulateurs étant la surveillance, le reporting se révèle ainsi être un outil normatif indispensable dans un processus de développement stable et cohérent d’un écosystème constamment amené à évoluer.
Afin de pouvoir répondre aux exigences des régulateurs, la qualité et la transformation de la donnée restent plus que jamais un enjeu majeur pour les banques. Ces dernières doivent par ailleurs s’assurer de transmettre la data récoltée dans les temps impartis, tout en assurant sa qualité, essentielle pour le travail du régulateur. Enfin, les banques doivent tenir compte du problème d’harmonisation des données transmises, en fournissant des reportings réguliers sur des périodicités différentes et soumis à des agrégations multiples. De fait, la récolte de la donnée et sa qualité sont aujourd’hui plus que jamais une problématique majeure dans la production de ces rapports.
Pour faire face à cette difficulté, les banques doivent par conséquent :
- Améliorer la cohérence et la qualité des données de leur SI en priorisant le recours à une source commune et unique : un référentiel unique
- Mettre en place un mécanisme de contrôle des données en amont et en aval. En cas de non-conformité : mettre en œuvre des actions de fiabilisation
- Instaurer un système d’audit permanent des données et attributs réglementaires
- Eliminer le processus manuel et automatiser la chaîne de bout en bout, de l’extraction jusqu’à l’alimentation des reportings, avec une piste d’audit
Pour assurer la qualité des données financières transmises et anticiper les futurs besoins du système, les banques se retrouvent dans l’obligation d’instaurer des processus solides, basés sur une architecture SI robuste. Une étape obligatoire si les banques souhaitent rester en adéquation avec l’actualité normative à venir.
Une stratégie de veille réglementaire semble être aussi inévitable en vue de répondre de façon efficace aux nouvelles normes qui pourraient être appliquées rapidement. Par ailleurs, il s’agit d’un bon outil pour prévoir les futures évolutions, tant liées aux données qu’à l’automatisation. Cette veille consiste notamment à être à l’écoute du régulateur tout en participant régulièrement aux différents comités réglementaires.
Dans cette optique, Bank Al Maghrib a partagé le projet en cours qui consiste à effectuer des changements au niveau du format de déclaration de l’ensemble des états avec un passage au XBRL au lieu des traditionnels « Télétransmission » et « Fichier », et cela dans les deux prochaines années (d’ici 2022).
Face à la situation actuelle et les conséquences de l’épidémie de la Covid-19 au Maroc, le reporting réglementaire s’impose comme un outil essentiel pour traiter et analyser les données, toujours plus nombreuses. Les banques doivent cependant apprendre à le manier dès à présent car de nouvelles normes, qui viendront s’ajouter et compléter les actuelles, se profilent déjà à l’horizon. Une chose est sûre, en Afrique comme ailleurs, la data est désormais au cœur des enjeux financiers et économiques. C’est donc le moment idéal pour prendre la main et s’imposer dans un écosystème destiné à changer dans les années à venir.