Le nouveau système de paiement vise à créer une solution de paiement paneuropéenne pour les marchés européens et non européens. Connu sous le nom d’initiative européenne des paiements (EPI), ce programme vise à être la nouvelle norme en matière de paiements pour tous les types de transactions en Europe.
Si la promesse de l’EPI est bien réelle, le programme, quant à lui, n’est pas encore complètement réalisé et comporte encore beaucoup d’obstacles à surmonter pour pouvoir atteindre l’ambition de lancer une véritable solution de paiement paneuropéenne.
Faire face à la concurrence internationale
Ce n’est un secret pour personne que la Banque centrale européenne (BCE) s’intéresse depuis longtemps à rompre la position dominante de Visa et Mastercard sur le marché européen des paiements. En effet, 80 % des transactions européennes sont gérées par les deux sociétés multinationales américaines de services financiers, selon les estimations d’EuroCommerce.
Une série d’initiatives ont été déployées par la BCE et d’autres parties intéressées pour contester ce duopole. Par exemple, en 2019, les paiements instantanés ont été introduits pour faciliter l’expérience de paiement pour les utilisateurs à travers le continent et pour faire pencher la balance en faveur des acteurs locaux.
Yves Mersch, membre du conseil d’administration de la BCE, a décrit les paiements instantanés comme une « possibilité de compenser et de régler instantanément les transactions par carte, ce qui permettrait de soutenir l’interconnexion et l’interopérabilité des systèmes de cartes nationaux … Les efforts visant à garantir l’interopérabilité des systèmes devraient être renforcés et devraient viser à favoriser une identité européenne. »
L’initiative concernant les paiements instantanés a effectivement été un succès, et ses perspectives sont prometteuses. Sa valeur est estimée à 18 mille milliards de dollars d’ici 2025, contre 3 mille milliards de dollars en 2020. Mais pour véritablement forger cette « identité européenne » pour les paiements, la BCE a appelé les principales banques européennes à créer un système de paiements unifiés reposant sur les paiements instantanés et d’autres initiatives de ce type.
Il existe certainement un besoin en Europe de standardisation et d’interopérabilité, en ce qui concerne les paiements, et sans cela, le bloc risque de prendre du retard dans des domaines clés tels que la pénétration des cartes.
Cependant, des mesures ont été prises. En 2019, la même année que le lancement de l’initiative des paiements instantanés, la BCE a annoncé qu’un certain nombre des principales banques européennes exploraient la possibilité de créer un système de paiement concurrent pour s’attaquer au marché européen. Depuis, une société provisoire a été créée par plus de 30 banques, notamment BNP Paribas, Société Générale et La Banque Postale. L’objectif est de procéder au lancement au cours du premier semestre 2022.
Le processus est clairement en marche.
Défis et solutions pour l’adoption de masse
Bien sûr, la mise en œuvre réussie de l’EPI ne sera pas facile. Remettre en question la domination de Mastercard et Visa n’est pas une mince affaire. Ces acteurs ont des solutions bien établies, d’importants budgets d’innovation et de nombreux services à valeur ajoutée pour les commerçants.
De plus, il existe un problème de migration des schémas existants vers l’EPI et de développement d’une nouvelle infrastructure réseau : les applications, plateformes, cartes et la compatibilité avec les appareils de point de vente pourraient être un processus long et coûteux.
Cependant, il y a aussi beaucoup de raisons d’être optimiste. Les recherches menées par les leaders européens du paiement, Galitt, suggèrent que les consommateurs sont, dans l’ensemble, positifs quant à la perspective d’une solution de paiement unifiée. Environ 75% des utilisateurs interrogés en France déclarent être ouverts à un changement de système de paiement, et il existe également un biais notable vers les acteurs européens pour les opérations bancaires, avec près de 60% indiquant qu’ils préfèrent que leur banque ou une société européenne gère leurs paiements.
Le principal défi pour l’EPI et ses parties prenantes sera de convaincre les consommateurs (et, par extension, les commerçants) de participer. Pour acquérir et conserver une masse critique d’utilisateurs, l’EPI doit avoir de fortes incitations pour les utilisateurs. Elle a besoin d’une analyse de rentabilisation irréfutable pour convaincre les émetteurs de migrer des marques et acquéreurs nationaux ou internationaux pour permettre l’acceptation. Elle a également besoin d’un récit gagnant, et les utilisateurs doivent être capables de faire l’expérience de la valeur par eux-mêmes. Dans ce sens, les possibilités comprennent :
∙ Des garanties de paiement immédiat et haute sécurité
∙ Un échange de débit plafonné : frais inférieurs
∙ Une solution standardisée acceptée dans toute l’Europe : des procédures de voyage et d’inscription plus simples
∙ Le développement de produits centré sur l’Europe, avec une interface client familière
∙ Des garanties robustes de confidentialité et de protection des données
∙ Le développement parallèle avec les devises numériques de la Banque centrale et un schéma d’identité : amélioration de l’expérience utilisateur
∙ Une consolidation des cas d’usage : augmentation de la commodité
∙ La compatibilité des services de carte existants avec les changements apportés à d’autres systèmes de paiement européens, tels que SCT Inst
L’avenir des paiements européens
L’initiative EPI représente une vision et un désir de créer une solution de paiements européenne moderne, standardisée et de bout en bout. Avec un système qui fonctionnera sur les rails SCT Inst plutôt que sur les rails de cartes plus coûteux, l’EPI devrait réaliser d’énormes gains d’efficacité, et pourrait révolutionner la manière dont les gens paient sur le continent. De cette façon, ses architectes ont une chance unique d’écrire l’avenir des paiements en Europe.