Depuis une dizaine d’années, l’expression “Open Banking” est devenue un sujet aux multiples facettes, dont l’essence est loin d’être claire comme de l’eau de roche. Alors que se cache-t-il vraiment derrière ce buzzword marketing ? C’est précisément ce que nous allons découvrir ici. Notre invité, Bruno Cambounet retrace la genèse de ce concept né au début des années 2000 pour développer les services de paiement. Il nous aide à comprendre les limites de cette notion et ce dont nous avons besoin aujourd’hui pour favoriser le développement des services à valeur ajoutée de demain.
Bruno est Head of Research chez SBS. Sa mission consiste à identifier très en amont les domaines sur lesquels investir et nourrir la stratégie de SBS ainsi que son positionnement sur le marché. Il est passionné par la façon dont le digital transforme l’économie. Plus particulièrement, il est fasciné par le potentiel que permet l’ouverture des données pour éduquer “monsieur et madame tout le monde” à la finance. Il s’implique directement dans différentes organisations comme le pôle de compétitivité mondial Finance Innovation, l’organisme de standardisation Berlin-Group, ou encore, au sein de la Commission Européenne.
Bonne écoute !
Épisode suivant
Retrouvez ici l’épisode 2. Alors que nous comprenons que l’Open Banking est un concept assez vague qui tourne autour des services de paiement, Bruno explique la nécessité d’évoluer vers l’Open Finance car ce concept englobe tous les domaines des données financières personnelles.
Texte du podcast
Origines de l’open banking : Des prémices à la révolution digitale+–
Caroline : Bienvenue à FinTrends, notre podcast dédié aux nouveautés du secteur financier, lancé par Sopra Banking Software. Je suis Caroline Béguin et aujourd’hui, j’accueille Bruno Cambounet pour discuter d’un sujet très actuel : l’open banking. Bonjour, Bruno.
Bruno : Bonjour, Caroline.
Caroline : Merci, Bruno, de te joindre à nous. En tant que Head of Research chez Sopra Banking Software, tu es au cœur de l’innovation, scrutant les tendances pour influencer la stratégie de l’entreprise. Ta passion pour la transformation digitale et le potentiel de partage des données est bien connue, tout comme ton implication dans diverses organisations clés du secteur. L’open banking est souvent présenté comme une révolution digitale, mais pourrais-tu démystifier ce concept pour nous?
Bruno : Merci, Caroline, pour cette introduction. C’est un honneur de participer au premier FinTrend, surtout sur un thème qui me passionne autant.
Caroline : Bruno, pourrions-nous commencer par l’origine de l’open banking et son sens général ?
Bruno : Bien sûr. L’open banking a émergé entre 2000 et 2010, marqué par l’adoption croissante du web banking. Aux États-Unis, des initiatives comme celle de Yodlee en 2005 ont préfiguré l’open banking, en permettant l’agrégation des données financières personnelles. En Europe, la Directive sur les services de paiement (PSD) a uniformisé les transactions interbancaires, posant les premiers jalons de l’open banking. Cependant, c’est surtout à partir des années 2010 que le terme “open banking” s’est popularisé, désignant l’accès ouvert aux informations et services bancaires pour offrir des services novateurs, notamment grâce à l’agrégation des comptes.
Réaction des banques à l’émergence de l’open banking : La nécessité de réglementer les services tiers+–
Caroline : Comment les banques ont-elles réagi à l’émergence de l’open banking, surtout que ces services tiers n’étaient initialement pas réglementés ?
Bruno : Les banques ont dû faire face à un nouveau défi, celui de la sécurité des données. Partager des informations sensibles comme les identifiants et mots de passe avec des tiers pour obtenir une vue consolidée des comptes ou effectuer des paiements présentait des risques de sécurité. Cette situation a incité le secteur bancaire à appeler à une régulation pour sécuriser ces échanges. C’est ainsi que les réglementations telles que la PSD2 en Europe ont vu le jour, établissant un cadre pour les services d’agrégation de comptes et d’initiation de paiement par des tiers.
Mise en œuvre de l’open banking en Europe : Normes techniques et régulation des paiements+–
Caroline : Et comment cela s’est-il concrètement traduit en Europe ?
Bruno : En Europe, la PSD2 a marqué un tournant sans toutefois être prescriptive sur le plan technique. Elle a établi des règles métiers et ouvert la voie à l’accès des tiers aux données bancaires, sans imposer de standards techniques spécifiques comme les API JSON. Pour se conformer à la directive, les banques et les TPP (Third Party Providers) ont formé des groupes de travail pour créer des standards techniques d’API, comme ceux développés par le Berlin Group, adoptés par une majorité de banques en Europe.
La mise en place d’un moyen de paiement complet s’appuyant sur l’open banking a également été nécessaire. L’Association des paiements en Europe (EPC) a pris l’initiative de développer un scheme de paiement open banking, le SPA, pour régir les interactions entre les différents acteurs du paiement. Ce système vise à traiter tous les types de paiements, y compris les paiements différés, fractionnés, récurrents, et même les remboursements, créant ainsi un écosystème complet et sécurisé pour l’open banking en Europe.
Avancées technologiques de l’open banking : Renforcement de la sécurité et authenticité des transactions en ligne+–
Caroline : Au-delà des évolutions dans les pratiques bancaires, peut-on parler également de progrès technologiques significatifs ?
Bruno : Effectivement, l’un des apports majeurs de la PSD2, en plus de tout ce que nous avons déjà évoqué, concerne la sécurisation des échanges, notamment grâce à l’introduction de l’authentification forte. Cette mesure de sécurité, désormais familière à quiconque accédant à son compte bancaire en ligne, exige une vérification supplémentaire au-delà du simple couple identifiant-mot de passe. Ce renforcement de la sécurité, qui répondait à une demande pressante des banques, a également permis d’améliorer l’identification des utilisateurs et des entités, facilitant les interactions et les transactions en temps réel au sein de l’écosystème des paiements.
Caroline : Merci, Bruno, pour cet éclairage sur les origines et l’évolution de l’open banking. Nous retiendrons que la période des années 2000 à 2010 a été décisive, avec une préférence croissante pour les transactions bancaires en ligne. Cette tendance a ouvert la porte à de nouveaux acteurs sur le marché des paiements, initialement non réglementés, conduisant à l’établissement de réglementations pour sécuriser les opérations et encourager une concurrence saine. Parmi les avancées technologiques, l’authentification forte et l’amélioration de l’identification des utilisateurs se distinguent, permettant des échanges plus sécurisés et en temps réel. Notre prochain épisode se concentrera sur les écosystèmes et les opportunités qu’offre la collaboration en temps réel entre banques et fintechs. À bientôt sur FinTrends.